Certifications et titres des chirurgiens : comment s'y retrouver

DESC, DIU, DU, Ancien Interne des Hôpitaux, Chef de Clinique... Vous êtes perdu dans cette jungle de titres ? Normal. Même les professionnels de santé s'y perdent parfois.

Ce guide va vous aider à décrypter ce qui compte vraiment. Et surtout, ce qui distingue un chirurgien qualifié d'un praticien qui affiche des titres ronflants sans réelle substance.

Diplômes et certifications médicales accrochés au mur

Le parcours de base : ce que tout chirurgien doit avoir

Commençons par les fondamentaux. En France, pour porter le titre de "chirurgien", il faut avoir suivi un parcours bien précis. Et ça, c'est non négociable.

Parcours obligatoire (environ 12-15 ans)

  1. Doctorat en médecine — 6 ans d'études minimum + thèse
  2. Internat en chirurgie — 5 à 6 ans de spécialisation
  3. DES (Diplôme d'Études Spécialisées) — obligatoire depuis 2017
  4. Inscription à l'Ordre des Médecins — seule garantie légale d'exercice

Ce que les pros savent : l'inscription à l'Ordre des Médecins est la SEULE vérification vraiment indispensable. Tout le reste, c'est du bonus (parfois significatif, parfois pas).

Comment vérifier ?

Rendez-vous sur l'annuaire du Conseil National de l'Ordre des Médecins. Vous pouvez y vérifier que votre chirurgien est bien inscrit et quelle est sa spécialité enregistrée.

Les titres hospitaliers : ce qu'ils signifient vraiment

Passons aux titres que vous voyez souvent sur les plaques et les sites web. Certains sont impressionnants. D'autres... moins qu'ils n'en ont l'air.

"Ancien Interne des Hôpitaux de Paris"

Ce titre indique que le médecin a réussi le concours d'internat et effectué sa formation dans les hôpitaux de l'AP-HP. C'était très sélectif. Mais attention : tous les chirurgiens ont été internes quelque part.

(Nuance : être "Ancien Interne de Paris" vs "Ancien Interne de [autre ville]" n'implique pas forcément une différence de compétence. Le concours était national.)

"Ancien Chef de Clinique" ou "Assistant des Hôpitaux"

Là, ça devient plus intéressant. Un Chef de Clinique-Assistant (CCA) a poursuivi 2 à 4 ans de formation après l'internat, dans un service hospitalo-universitaire. C'est un gage de formation approfondie.

Mon observation terrain : les chirurgiens qui affichent "Ancien Chef de Clinique" ont généralement bénéficié d'un encadrement de qualité et d'une exposition à des cas complexes. C'est un bon indicateur, mais pas une garantie absolue.

"Praticien Hospitalier" (PH)

Le PH est un médecin titulaire à l'hôpital public. Il a réussi un concours national. Cela implique une pratique régulière, souvent sur des cas difficiles référés par d'autres établissements.

"Professeur des Universités - Praticien Hospitalier" (PU-PH)

Le graal académique. Un PU-PH est à la fois chirurgien hospitalier et enseignant à la faculté de médecine. Il participe à la formation des futurs chirurgiens et, souvent, à la recherche.

Pour devenir PU-PH, il faut généralement avoir publié des articles scientifiques, soutenu une Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) et réussi un concours très sélectif.

Hiérarchie des titres hospitaliers

1

PU-PH

Professeur des Universités - Praticien Hospitalier

2

MCU-PH

Maître de Conférences des Universités - Praticien Hospitalier

3

PH

Praticien Hospitalier (titulaire)

4

CCA

Chef de Clinique - Assistant des Hôpitaux

Les diplômes complémentaires : DESC, DIU, DU

Maintenant, les diplômes qui viennent s'ajouter à la formation de base. Certains sont très valorisants, d'autres... moins.

Le DESC (Diplôme d'Études Spécialisées Complémentaires)

Avant la réforme de 2017, le DESC était le moyen de se sur-spécialiser. Par exemple, un chirurgien général pouvait obtenir un DESC de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique.

Attention : depuis 2017, le système a changé avec les nouveaux DES. Mais de nombreux chirurgiens en exercice ont encore des DESC, qui restent valables.

Le DIU (Diplôme Inter-Universitaire)

Les DIU sont des formations complémentaires organisées par plusieurs universités. Ils permettent d'approfondir un domaine précis : microchirurgie, chirurgie de la main, chirurgie du sport...

Un chirurgien qui affiche un DIU dans le domaine exact de votre intervention montre un intérêt particulier pour cette technique. C'est un bon signe, même si ce n'est pas obligatoire.

Le DU (Diplôme Universitaire)

Similaire au DIU, mais organisé par une seule université. La valeur dépend beaucoup de l'université en question et du contenu de la formation.

Point de vigilance

Certains DU peuvent être obtenus en quelques week-ends. Ils ne remplacent en aucun cas une vraie spécialisation chirurgicale. Méfiez-vous des praticiens qui mettent en avant un simple DU comme preuve de leur expertise.

Les certifications professionnelles et sociétés savantes

Au-delà des diplômes universitaires, il existe des certifications délivrées par des organisations professionnelles. Voici les plus importantes.

L'appartenance aux sociétés savantes

Les sociétés savantes regroupent des spécialistes d'un domaine. Être membre implique généralement d'avoir été accepté par ses pairs, ce qui est un gage de reconnaissance professionnelle.

Principales sociétés savantes en chirurgie

  • SOFCPRE — Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique
  • SoFCOT — Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique
  • AFC — Association Française de Chirurgie
  • SFRO — Société Française de Rhumatologie (pour certaines interventions)
  • ISAPS — International Society of Aesthetic Plastic Surgery (niveau international)

Le Board européen ou américain

Certains chirurgiens français passent des certifications européennes (EBOPRAS pour la chirurgie plastique, par exemple) ou américaines. C'est un plus, mais pas indispensable pour exercer en France.

Ce qui compte vraiment : au-delà des titres

Je vais être direct : les titres ne font pas tout. Un chirurgien bardé de diplômes peut être moins compétent qu'un praticien avec "juste" sa formation de base mais 20 ans d'expérience ciblée.

Ce qui compte vraiment :

  • Le volume d'interventions — Un chirurgien qui fait 200 rhinoplasties par an sera plus rodé qu'un qui en fait 10.
  • La spécialisation effective — Un chirurgien qui ne fait que des hanches depuis 15 ans vs un généraliste.
  • Les résultats visibles — Photos avant/après, témoignages, taux de reprise...
  • La formation continue — Participation à des congrès, nouvelles techniques maîtrisées.

Comment vérifier les qualifications d'un chirurgien

Concrètement, voici comment procéder pour vérifier les titres d'un chirurgien avant de vous engager.

Checklist de vérification

  1. Vérifier l'inscription à l'OrdreAnnuaire de l'Ordre des Médecins
  2. Confirmer la spécialité — La spécialité inscrite correspond-elle à votre intervention ?
  3. Rechercher sur Google — Nom + "avis", "problème", "complications"
  4. Vérifier l'appartenance aux sociétés savantes — Sites des sociétés concernées
  5. Demander directement — Un chirurgien sérieux n'a rien à cacher

Je me souviens d'un cas où un patient avait découvert que son "chirurgien esthétique" était en réalité ORL de formation, sans DESC de chirurgie plastique. Légal techniquement, mais ça posait question sur l'expertise réelle. Toujours vérifier.

Les drapeaux rouges à surveiller

Certains signes doivent vous alerter. Et je ne suis pas certain que tout le monde les connaisse.

Signaux d'alerte

  • Titres vagues ou introuvables — "Spécialiste reconnu", "Expert en..." sans diplôme vérifiable
  • Diplômes étrangers non reconnus — Vérifiez l'équivalence française
  • Exercice exclusif en cabinet — Pas d'attache hospitalière depuis longtemps
  • Refus de montrer des résultats — Pas de photos avant/après, pas de références
  • Pression commerciale excessive — Promotions, urgence artificielle

En résumé : la hiérarchie des garanties

Pour conclure, voici ce que je recommande de prioriser dans votre évaluation :

  1. 1

    Inscription à l'Ordre avec la bonne spécialité

    C'est le minimum absolu, non négociable.

  2. 2

    Expérience spécifique dans l'intervention souhaitée

    Volume annuel, années de pratique, cas similaires traités.

  3. 3

    Formation complémentaire pertinente

    DESC, DIU en lien direct avec votre besoin.

  4. 4

    Reconnaissance par les pairs

    Appartenance aux sociétés savantes, publications, enseignement.

Et n'oubliez pas : le feeling compte aussi. Un chirurgien peut avoir tous les diplômes du monde — si vous ne vous sentez pas en confiance lors de la consultation, continuez à chercher.

Expert

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Professionnel du secteur médical spécialisé dans l'orientation des patients vers les praticiens qualifiés.

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Sources et références